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Colonies SMR
Publié le 27 déc. 2019 10:39:00
BEESTRONG : UN SÉMINAIRE POUR CLÔTURER TROIS SAISONS DE MESURES RÉUSSIES
Par Itsap-Com, le 16 avril 2019
Bilan des 3 saisons de mesures
Après deux premières saisons réussies, à la fois en nombre de colonies mesurées mais aussi en implication des apiculteurs dans le projet, l’équipe technique de BeeStrong a de nouveau vécu une saison intense pour atteindre les objectifs ambitieux fixés au lancement du projet. Les difficultés financières de l’ITSAP ont nécessité le transfert des techniciens à l’INRA mais sans que cela n’affecte l’efficacité du projet.
C’est ainsi qu’au final, l’échantillonnage aura concerné 209 ruchers de 103 apiculteurs ; une grande majorité d’entre eux étant impliqués sur plusieurs années du projet. 1854 colonies ont été évaluées sur leur développement (nombre d’abeilles, surfaces de couvain…) selon la méthode ColEval et près de 1753 sur l’expression du caractère SMR (Suppressed Mite Reproduction – caractère associé à la résistance au varroa).
Les résultats des 3 années sont assez similaires, avec des taux SMR moyen de 36% en 2016, 39% en 2017 et 40% en 2018.
Il est surtout intéressant de constater qu’un pourcentage non négligeable de colonies sortent avec des taux SMR relativement élevés.
Au-delà des résultats bruts de résistance à varroa, les apiculteurs qui ont participé attendaient beaucoup de l’implication de Labogena auprès de la filière apicole pour disposer de nouveaux outils moléculaires pour les aider dans la gestion de leur cheptel, particulièrement sur les aspects de sélection. C’est ainsi qu’un séminaire a été organisé ce printemps pour aborder ces questions.
Un séminaire pour imaginer ensemble les perspectives
Près d’une trentaine d’apiculteurs et d’animateurs de réseaux se sont ainsi retrouvés le 15 mars 2019, dans les locaux de l’unité Protection des abeilles dans l’environnement (Prade) à l’INRA d’Avignon. Au-delà des échanges avec l’ensemble des chercheurs impliqués dans le projet, cette journée a été une occasion unique faire découvrir les possibilités offertes par les outils génomiques à la filière apicole.
Différentes présentations des partenaires du projet PHOTO ont permis de présenter brièvement l’ensemble du projet et les résultats déjà obtenus. La suite de la matinée a été consacrée à la présentation des informations issues des analyses génomiques : caractérisation raciale, diversité génétique, consanguinité puis une longue digression a permis d’illustrer l’utilisation qui peut être faite de telles informations en sélection bovine et en pisciculture.
Après avoir posé ces bases et repris quelques forces au déjeuner, une séance de questions / réponses PHOTO a permis de faire émerger les principales préoccupations des apiculteurs à l’issue de ces 3 saisons.
On peut d’abord noter que des interrogations demeurent sur les meilleurs critères à utiliser pour sélectionner des abeilles résistantes au varroa et notamment sur la pertinence du critère SMR. De même l’utilisation d’un éventuel outil d’évaluation génomique de la capacité de résistance des colonies pose question surtout en termes de fiabilité.
Plus inattendu, les possibilités offertes par les analyses génomiques en termes de caractérisation raciale et de consanguinité suscitent un fort intérêt d’une partie importante des apiculteurs présents. Ainsi, bien que ces résultats ne soient pas le cœur du projet BeeStrong, Labogena a décidé de les inclure dans l’étude de marché qui vient de démarrer.
La présentation suivante, proposée par Léa Tison (INRA), a permis de répondre partiellement aux interrogations sur la pertinence de certains critères et particulièrement sur les conditions de mesure (miellée, charge en varroa…). Cependant, de nombreuses études restent à mener pour affiner ce travail et répondre aux nombreuses questions soulevées. Les discussions ont pu illustrer la complémentarité entre un projet réalisé chez de nombreux apiculteurs, tel que BeeStrong et des projets réalisés sur un cheptel expérimental mais qui apporte des éléments essentiels à la réussite de travaux à l’échelle de la filière tel qu’OptiVar (Feaga 2017-2019).
En conclusion, Damien Decante, animateur du réseau de testage de l’ADAPI a pu présenter le fonctionnement du groupe d’apiculteurs de la région qui intègre les résultats de BeeStrong dans leur travail. Ainsi, malgré l’absence d’appui d’équipe BeeStrong en 2019, ils ont programmé la réalisation des mêmes mesures de résistance à varroa sur une part importante de leur cheptel en testage.
En 2019
Cette année sera celle où tous les participants sauront si la finalité du projet, qui est la mise à disposition de la filière d’un outil permettant à tous les apiculteurs d’évaluer le potentiel de résistance d’une colonie à varroa en envoyant quelques abeilles de la colonie à un laboratoire d’analyse, sera atteinte. Pour cela, les dernières colonies doivent être génotypées, les données analysées et quelques mesures complémentaires seront réalisées, essentiellement dans un cadre expérimental.
Il est acquis aujourd’hui que le projet BeeStrong s’est révélé être un véritable support pour les apiculteurs concernés par la sélection d’abeilles résistantes. En effet, grâce à ce projet, ils ont pu prendre conscience de la présence de résistance dans le cheptel français et ils ont bénéficié de mesures réalisées sur leurs propres colonies par des techniciens formés spécifiquement. Les attentes formulées sur de nouveaux outils permettant aux apiculteurs de caractériser leurs colonies sur des aspects raciaux et de consanguinité constituent également un apport intéressant du projet.
Au-delà du cadre formel du projet, le prochain objectif pour les partenaires sera de poursuivre l’accompagnement technique et scientifique des apiculteurs qui initient un travail de sélection sur la résistance au varroa.